Résumé Inconditionnel

Résumé :

A trente-neuf ans, Julien est au milieu de sa vie. Célibataire depuis quelques années, il cherche à rencontrer la « bonne personne » comme on dit vulgairement. Très exigent envers lui-même, il l'est devenu également, avec le temps, envers les femmes qu'il rencontre. Désabusé par les rencontres qui ne mènent nulle part, Julien fini par accepter de revoir ses critères à la baisse. La femme idéale n'a pas l'air d'exister. Il finit par rencontrer une jeune femme, Elodie, trouvée au hasard des discussions sur des sites de rencontre. Noyé dans ses pensées de surdoué hyperactif, il va passer chaque détail de sa rencontre, et de sa vie de couple, à la moulinette intellectuelle. Que fait-elle ? A-t-elle de l'humour ? Quel est son passé ? Cela impacte-t-il son présent ? Autant de questions qui l'assaillent dès le début de la rencontre. Un système défensif efficace face aux désagréments d'une hypersensibilité tenace.

Extrait :

Ce matin, j’ai le moral en berne. Le temps est maussade. Ça fait un mois que je suis avec Élodie, mais, de mon côté, je sais que le couple s’éteint. Niveau boulot, je ne vois pas le bout du tunnel. Et quarante-deux ans et demi dans un tunnel, ce n’est pas trop ma tasse de thé.
Comme d’habitude, je me lève et je te bouscule, enfin je bouscule le chat puisqu’il n’y a personne à côté, et je démarre la journée mécaniquement, machinalement. Mes articulations me font souffrir, comme à chaque jour de pluie. Encore une journée de merde.
Quand je me sens mal, il m’arrive parfois de ressortir ce vieux courrier usé par les années, précieux et dernier cadeau de mon grand-père à l’article de la mort. Ce bout de papier sur lequel il a écrit ces mots qui m’attristent et me motivent en même temps.
Une musique…une émotion…des souvenirs, nostalgie du temps passé, des années qui passent, du temps qui détruit nos corps, mais emplit nos âmes de sages pensées. Des souvenirs encore… j’esquisse un sourire,  et bientôt des pensées positives emplissent mon cœur d’une vague de bien être en pensant à toutes ces belles rencontres qui m’ont fait grandir. D’autres images me viennent…réminiscences  des blessures du passé, une larme monte du plus profond de moi pour redescendre aussitôt sur le visage. Encore d’autres pensées, une mélancolie me gagne, un vague à l’âme qui me fait regretter les erreurs du passé. Je pense à ce que j’aurais dû faire, aux erreurs que je n’aurais pas dû faire, je pense à mon enfant que je n’ai pas vu grandir, à cette petite tête blonde qui m’attendrissait et me donnait tant de bonheur. Je  n’ai pas vu grandir cette petite bouille, trop occupé à courir après la gloire, l’argent, le succès, la reconnaissance et autres futilités pour me rendre compte qu’elles ne sont que chimères. Cet enfant a grandi, il s’est mis également à courir après les chimères que ses parents ont tant cherché à attraper.
Mes souvenirs s’estompent, je reviens à la dure réalité. J’ai soixante-douze ans et j’écris ces derniers mots non sans amertume. Je me suis égaré en chemin, j’ai oublié  l’essentiel …vivre… Aujourd’hui, je suis mort, mon corps et mon âme sont morts. Qu’on m’enterre maintenant, je n’ai plus rien à offrir à ce monde et il est trop tard pour combler ce vide en moi.
Que me reste-t-il aujourd’hui? Peut-être l’espoir, l’espoir d’une autre chance, d’une autre vie, là-bas, quelque part en dehors de ce monde…
Mais mon garçon, toi tu es jeune, et sache que, même dans les moments les plus sombres, reste positif mon garçon, il y a toujours de l’espoir.
Je n’ai eu ce papier qui m’était destiné que quelques jours après sa disparition. Ma grand-mère m’avait dit en me le donnant que le plus beau cadeau qu’on pouvait m’offrir, c’était l’espoir.
« Eh, papy ! Je t’adore, mais l’espoir ne me met pas un toit sur la tête. C’est bien une pensée de philosophe ça. Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ! »
Je me souviens avoir crié ça dans la rue après avoir quitté ma grand-mère en sortie de cimetière, juste après l’enterrement. Où es-tu parti papy, qu’es-tu devenu lorsque ton corps s’est éteint ? J’ai l’impression que tu es toujours avec moi, mais, vu les galères qui me suivent, tu dois travailler à mi-temps là-haut.
Des pensées m’inondent la tête…


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